Alors qu’elle rentrait de l’école, Estelle Mouzin (alors âgée de 9 ans) avait disparu le 9 janvier 2003 à Guermantes. On le sait maintenant : elle a été enlevée et assassinée par le tueur en série Michel Fourniret. 20 ans après, quasiment jour pour jour, son père Eric Mouzin a organisé une 20e et ultime marche blanche en sa mémoire le 7 janvier à Guermantes. Cette marche anniversaire est organisée dans ce village de Seine-et-Marne chaque premier week-end du mois de janvier jusqu’au pied d’un cerisier du Japon planté en 2005 en hommage à la fillette.
Considérée longtemps comme un “cold case“ (affaire criminelle non élucidée), cette affaire a connu son dénouement le 6 mars 2020 lorsque Michel Fourniret, alors incarcéré, était passé aux aveux (l’ADN d’Estelle Mouzin a été découvert sur un matelas retrouvé chez Fourniret). Si ce tueur en série est décédé en prison le 10 mai 2021, en revanche, son ex-compagne Monique Olivier est toujours mise en examen pour complicité d’enlèvement, de séquestration et de meurtre. Emprisonnée, elle attend son procès qui devrait avoir lieu en novembre prochain.
Une enquête cahotique
Ce procès marquera ainsi la fin officielle d’une enquête judiciaire longtemps considérée comme cahotique. En effet, pendant près de 20 ans et alors que le corps d’Estelle Mouzin n’a toujours pas été retrouvé à ce jour (il doit être enterré quelque part dans une forêt des Ardennes), les faux espoirs vont se multiplier et succéder aux fausses pistes. Tous ces errements (arrêté par la police belge en juin 2003, Michel Fourniret n’intéressera pas la justice française avant plusieurs années) ont incité Eric Mouzin à créer une association baptisée “Estelle“. Grâce à elle, le dispositif “Alerte enlèvement“ a été mis en place en 2006, tandis qu’un pôle judiciaire dédié aux affaires non élucidées et aux crimesen série a vu le jour en mars 2022 à Nanterre (Hauts-de-Seine).
Si l’enquête sur la disparition et le meurtre de sa fille est sur le point de s’achever avec un futur procès, Eric Mouzin entend néanmoins mener un dernier combat. Il va, en effet, poursuivre l’Etat pour dysfonctionnement de la justice et compte aussi saisir la Cour européenne des droits de l’Homme pour violation du droit à la vie.