Avant de devenir Carole B, exposante permanente à la galerie “Fontaineblow !”, Carole Benoît travaillait comme formatrice en vente cosmétique dans un centre pénitentiaire. Elle a quitté ce métier en 2016 pour renouer avec son art, commençant à exposer et à recevoir des prix, malgré le fossé existant entre ses œuvres de plus en plus engagées et un certain conservatisme. « On considérait mon travail avec beaucoup de curiosité, car ma technique était différente. J’ai un style très pop, je traite de sujets engagés et je suis une femme noire. Je détonnais sur tous les plans ! », sourit Carole.
Il lui faut aussi “assumer” son féminisme. Mais pour assouvir son envie de révolte, quoi de mieux que la rue ? Les artistes y donnent à voir leur travail au monde entier. Des créations cependant encore trop masculines, selon elle : « La crème de la crème est systématiquement squattée par des hommes. Il y a beaucoup trop de galeries qui sont 100 % masculines. On ressent une profonde injustice, car les femmes n’ont pas moins de talent et méritent d’être soutenues ».
Une “passeuse de savoir“
C’est paradoxalement pendant la crise sanitaire que Carole a gagné en visibilité. Elle a vendu ses créations de “Wonder Woman” et a reversé une partie de ses gains au personnel soignant. Une action solidaire qu’elle poursuit aujourd’hui. En 2022, lorsque la guerre en Ukraine a éclaté et à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, Carole B. a peint une “Wonder Woman“ en timbre arborant une couronne de fleurs aux couleurs ukrainiennes avec la devise “Liberté, Égalité, Solidarité“. Cette composition se décline également en affiches et les fonds sont reversés au Haut-commissariat pour les réfugiés (HCR), une organisation non gouvernementale liée aux Nations-Unies. Elle collabore aussi avec l’association Art’Murs auprès d’enfants pour promouvoir l’art de la rue.
Carole B, une super héroïne ? Non, elle se définit plutôt comme une “passeuse de savoir”. Pour elle, les vraies héroïnes sont Joséphine Baker, Simone Veil, Hedy Lamarr ou Kathrine Switzer; autant de femmes qui lui inspirent des valeurs clés comme le partage, l’audace et l’altruisme. « Les femmes que je choisis pour incarner mes Marianne sur des timbres sont celles qui ont apporté une contribution générale au monde », insiste Carole.
Aujourd’hui, elle envisage humblement de réaliser son autoportrait dans une sorte d’introspection sur ses origines. « Cela ne transparaît pas du tout dans mes œuvres et jusqu’à l’année dernière, je ne conscientisais pas mon appartenance à la communauté noire. », avoue-t-elle. Comment va-t-elle s’y prendre ? Le secret reste bien gardé. Carole B. est une artiste engagée et discrète.
Galerie “Fontaineblow ! “ : 238 rue Grande, Fontainebleau. Exposition “Free Expressions #3 “ jusqu’au 9 avril (événement le 11 mars à 17h).
www.carolebartiste.fr et www.fontaineblow-gallery.com