A peine réélu président de la CCI Seine-et-Marne lors de l'assemblée générale d'installation tenue dernièrement, Jean-Robert Jacquemard à tenu à alerter ses pairs sur la « situation grave » que pourrait connaître prochainement l'institution.
En effet, l'article 17 du projet de loi de Finances pour 2017 instaurant une nouvelle baisse des ressources publiques affectées aux CCI aurait, en cas d'adoption, « des conséquences absolument dramatiques » sur la pérennité des services proposés par la CCI. Ainsi, 60 millions d'euros échapperaient ainsi au réseau des CCI, dont 14 millions d'euros pour les CCI d'Île-de-France.
Jean-Robert Jacquemard a rappelé que 21 millions d'euros avaient déjà été « ponctionnés » en 2015 par l'Etat sur le fonds de roulement de la CCI de Seine-et-Marne, un manque à gagner pour les entreprises bénéficiaires de ces aides. Une telle disposition aurait ainsi « des effets dévastateurs en termes économiques et sociaux », selon Jean-Robert Jacquemard, obligeant notamment la CCI à cesser certaines activités dans le service aux entreprises.
En outre, cette baisse constituerait un « coup d'arrêt » au développement de l'apprentissage et à l'investissement. Et l'emploi risque une nouvelle fois d'en pâtir, après la suppression l'an passé de 30 postes au sein de la CCI, représentant pas moins de 10% des effectifs. Pour Jean-Robert Jacquemard, cette situation « met sérieusement en péril le développement des entreprises, des territoires et des centres de formation ».
D'autant plus dans un département dynamique, où la démographie est l'une des plus fortes du pays, et où l'innovation est portée par un tissu toujours renouvelé de petites entreprises. Rejoignant la CCI Île-de-France, la CCI de Seine-et-Marne se mobilise cette semaine en apposant des banderoles « Halte au hold-up » sur les sites de Serris, Melun, Emerainville et Avon. Jean-Robert Jacquemard a également confié avoir déjà pris rendez-vous avec certains responsables politiques, tels que Jean-François Copé, maire de Meaux, Christian Jacob, député de Seine-et-Marne, et Yves Jégo, député-maire de Montereau en Seine-et-Marne.
Le nouveau président souhaite les alerter sur « l'impérieuse nécessité de stopper cette spirale budgétaire destructrice » et demande également aux parlementaires seine-et-marnais de refuser de voter cet article 17 du projet de loi de Finances (PLF). La formation des jeunes serait la première à en pâtir, même si l'apprentissage reste une priorité pour les cinq ans à venir, comme l'a assuré Jean-Robert Jacquemard.
Quoi qu'il en soit, les nouveaux membres de la CCI porteront également leur action sur la fiscalité et les charges, la formation et le financement des collaborateurs, la transformation digitale, et sur l'information fiscale à apporter aux entreprises.
Les membres élus pour 2016-2021
Jean-Luc Marx, préfet de Seine-et-Marne, a tenu à souligner les efforts fournis par la CCI en termes de mixité, dans cette liste « Ensemble pour le développement des entreprises de Seine-et-Marne » conduite par Jean-Robert Jacquemard, et dont la moitié des candidats a été renouvelée.
Composition du bureau:
Président : JACQUEMARD Jean-Robert
Vice-président Service : MOCQUAX Dominique
Vice-président Commerce : LANSAC Georges
Vice-président : HUBERT Jean-Pierre
Vice-président : SÉRÉNI Jean-Marc
Vice-président : BEUF Richard
Trésorier : COTTIN Claude
Trésorière adjointe : RELÉCOM Catherine
Secrétaire : CAZALON Jean-Michel
Secrétaire adjoint : PATTE Thierry
Trois questions à… Jean-Robert JacquemardEn tant que Président nouvellement réélu à la tête de la CCI Seine-et-Marne, quelle est votre priorité numéro un aujourd'hui ?
Ma priorité est de savoir si le budget de l'Etat de 2017 va opérer la ponction proposée de 60 millions d'euros du budget des CCI, ce qui ne changera strictement rien à l'état des finances de la France, mais en revanche mettra un certain nombre de Chambres de commerce et d'industrie en danger. En Seine-et-Marne, l'Etat nous a déjà ponctionné de 21 millions d'euros l'an dernier. Un record ! Nous avons dû réduire de 30 % nos ressources. S'il reprend encore 60 millions l'an prochain au réseau des CCI, c'est 1 million de moins pour la Seine-et-Marne, ce qui correspond à une quinzaine d'emplois et donc des missions que l'on ne peut plus remplir auprès des entreprises. 28 de nos permanents salariés sont déjà partis l'année dernière, contraints et forcés par l'Etat. Laisser partir de nouveau des collaborateurs nous empêchera d'assurer nos missions de proximité. Nous aurons de grosses difficultés.
Comment comptez-vous mobiliser les entreprises pour vous soutenir ?
Les entreprises sont mobilisées, mais elles ne peuvent rien faire : c'est le Gouvernement qui décide du budget. Des parlementaires ont demandé à réduire la ponction qui affecte les CCI, et c'est encore le Gouvernement qui a refusé. Pour faire changer les choses, il nous faut pouvoir agir sur celui-ci. C'est la raison pour laquelle nous avons lancé, avec la CCI de Région Paris Île-de-France, une campagne publique de mobilisation pour dire « non au hold-up de l'Etat sur nos ressources ! ».
Si le Gouvernement campe sur ses positions, que serez-vous amené à décider ?
J'hésite à m'immoler en face de Bercy, ce qui pourrait avoir du poids, mais ça me gêne un peu vis-à-vis de ma famille ! Cette situation est grave et nous met sérieusement en péril. La CCI ne peut pas présenter un budget en déficit, c'est interdit, et on se retrouverait alors sous tutelle. Nous comptons donc vraiment sur nos actions de mobilisation et le soutien de nos parlementaires pour infléchir la position du Gouvernement à notre égard.
Propos recueillis par Boris Stoykov