Diplômée d’une école de commerce, Cécile Renouard, 54 ans, intègre les religieuses de l’Assomption, une institution évoluant dans le secteur de l’éducation et du développement. Après avoir réalisé une thèse sur la responsabilité des multinationales vis-à-vis des enjeux de développement durable dans les pays du Sud, elle enseigne la philosophie au lycée. Plus tard, elle met en œuvre un programme de recherche intitulé “CODEV-Entreprise et développement" à l’École supérieure des sciences économiques et commerciales (ESSEC). « C’est ce qu’on appelle aujourd’hui la transition écologique, économique et sociale », explique-t-elle. Etre au service de la vie et lutter contre les inégalités constituent, en effet, le fil rouge de son parcours.
Fin 2017, Cécile Renouard cofonde le Campus de la Transition au cœur du village de Forges, près de Montereau-Fault-Yonne. Cette association est à la fois un organisme de formation dédié à la transition écologique et sociale, un laboratoire de recherche-action et un écolieu expérimental des modes de vie sobres et solidaires. Ce campus se veut être une institution agile aiguillonnant les transformations à opérer. « Nous accueillons des étudiants, des enseignants-chercheurs, des équipes de direction d’universités ou d’écoles et des professionnels, pour vivre des temps immersifs. L’objectif est de favoriser une transformation à la fois personnelle et collective, avec l’ambition de travailler à des changements structurels de nos sociétés »,
précise Cécile.
“Analyser les angoisses ressenties ”
Si le domaine de Forges appartient à une congrégation religieuse, le projet est bien laïc, avec un modèle économique hybride mêlant soutien de fondations et revenus issus des formations dispensées. Une aventure passionnante qui correspond aussi à l’urgence climatique et sociale. « Nous travaillons notamment sur les questions de mobilité douce, de sobriété énergétique ou encore de lien social. Nous avons à cœur d’être une plateforme d’échange où tous les acteurs peuvent se parler », souligne l’enseignante, qui propose de nouvelles méthodologies (Manuel de la Grande Transition) et pédagogies (Tête-Corps-Cœur). Pour elle, il ne suffit pas d’avoir un diagnostic intellectuel bien posé pour changer. Il faut aussi analyser les angoisses ressenties à l’égard de la crise écologique et de ses conséquences futures. « Pouvoir nommer les émotions qui nous traversent est très important. Cela permet de leur donner du sens pour agir très concrètement », conclut Cécile Renouard, guidée par l’éthique et la justice. Des valeurs indispensables à un monde meilleur.