A chaque été, ses travaux routiers. Même si les automobilistes râlent, la saison estivale est, en effet, une période propice à ces chantiers mobiles en raison d’une circulation moins dense et de conditions météorologiques plus favorables. La Seine-et-Marne ne fait pas exception avec le réseau routier le plus important d’Île-de-France (4 321 kilomètres) en incluant ses dépendances (pistes cyclables/liaisons douces). Entretien des chaussées, ouvrages d’art, signalétiques directionnelles : 250 à 300 kilomètres de voiries sont rénovés chaque année, afin de “répondre aux besoins de sécurité et de mobilité des habitants”, peut-on lire sur le site internet du Département. 65 % d’entre eux utilisent, en effet, chaque jour leur voiture pour aller travailler.
Priorité à la sécurisation
Conscient de cela, le Département a injecté plus de 80 millions l’année dernière pour développer les routes de demain. En témoigne, par exemple, la reprise de la N4 et de la N36, deux routes nationales dont les tronçons seine-et-marnais de 110 kilomètres ont été départementalisés au terme de négociations avec l’État.
Ces deux voies étaient dans un état préoccupant, notamment en termes de sécurité pour les usagers. Il a fallu les mettre au niveau du reste du réseau départemental pour 2024.
- Olivier Lavenka, vice-président du Département en charge de l’aménagement du territoire, des routes, des politiques contractuelles et de l’agriculture.
Cette décision du conseil départemental a surpris par sa nouveauté. Certes, une opération de ce type s’était déjà déroulée avec une partie de la N3 (devenue D603), mais l’initiative venait de l’État. Des dizaines de millions d’euros seront donc investis pour réparer les nids-de-poule creusés par un trafic intensif des poids lourds. La sécurisation des routes passe aussi par des travaux d’entretien et de modernisation.
Ainsi, cet été, la D471, l’une des voies les plus accidentogènes du département, subit des travaux de “recalibrage”. Une bande centrale a été mise en place pour interdire les dépassements dangereux sans visibilité et la chaussée, “en mauvais état”, a été reprise. Le Département insiste également sur la prévention. En effet, selon la préfecture de Seine-et-Marne, 42 % des accidents mortels impliquent un automobiliste conduisant sous l’effet de l’alcool ou de stupéfiants. Des accidents également en hausse entre janvier et juin avec 30 décès, soit une augmentation de 25 % par rapport à 2022. Des chiffres qui ont de quoi faire réfléchir les autorités locales, qui multiplient les actions de sensibilisation. 14 200 collégiens ont été ainsi confrontés aux risques routiers.
Engagement éco-responsable
Autre objectif : développer des routes durables, aux impacts environnementaux moindres qui ne modifient pas le paysage et n'altèrent pas les habitats naturels locaux. Dans cette optique, la Direction départementale des routes expérimente désormais des enrobés sans bitume permettant de réduire jusqu’à 70 % les émissions de gaz à effet de serre. Le revêtement est conçu à partir de morceaux de bitume et de gravier recyclés de route usagées qui sont ensuite mélangés à de la résine de pin.
De plus, les 260 000 tonnes de déchets de chantier produits tout au long de l’année sont recyclées dans leur intégralité. Un engagement éco-responsable encouragé également par le développement de moyens de transport moins gourmands en énergie comme le covoiturage (lire l’encadré) ou encore le vélo. Le plan“Vélo 77“,mis en place en 2020 et jusqu’en 2029, a ainsi pour vocation de faire de la Seine-et-Marne “une destination pour le cyclotourisme”. Pour cela, elle accueille 110 kilomètres de la Scandibérique, une véloroute allant de la Norvège à l’Espagne, et prévoit de développer un axe dans la vallée de la Marne qui ferait partie de la V52 (de Paris à Strasbourg). Le Département s’est engagé à entretenir ces tronçons, mais aussi à subventionner des aires d’arrêt de vélo.
Un plan vélo indispensable
Soutenu, cette fois-ci, par la Région Île-de-France, le plan Réseau Express Régional Vélo (RER V) promet également des déplacements à bicyclette sécurisés au sein de la Seine-et-Marne. Ce plan prévoit d’installer en Île-de-France de véritables “autoroutes à vélo”, soit 750 kilomètres de pistes cyclables XXL, larges de quatre mètres et en continu.
Dans le département, un tracé de 10 kilomètres entre Saint-Thibault-des-Vignes et Montévrain permettra aux cyclistes de rallier Paris à la gare de Chessy, ainsi que Disneyland Paris et le stade nautique de Vaires-sur-Marne. Une potentielle solution pour ce site des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 en proie à des problèmes de transport récurrents. Le coût de ces 10 kilomètres s’élève à six millions d’euros, dont 60 % sont financés par la Région. Le chantier devrait être achevé avant le début des Jeux. De quoi permettre à tous les passionnés de vélo de venir assister aux épreuves d’aviron et de canoë-kayak.
Le Département favorise le covoiturage
Avec l’augmentation du prix des carburants et la prise en compte des enjeux environnementaux, la Seine-et-Marne encourage le covoiturage par le financement de stations locales. Pour l’instant, 12 ont été installées sur des nœuds du réseau routier et neuf, plus petites, sur des parkings déjà existants. Certaines sont devenues des lieux importants comme la station de Pézarches avec ses 51 places dédiées aux véhicules légers, ses deux bornes pour véhicules électriques et ses huit emplacements pour vélo. Le Département réfléchit désormais à l’implantation de quatre nouvelles stations dans les communes de Guignes, Nemours, Sammeron et Bernay-Vilbert.