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Gestion de l’eau : un enjeu majeur

Sur fond de dérèglement climatique et notamment de stress hydriques à répétition, les violents incidents survenus le 25 mars à Sainte-Soline (Deux-Sèvres) l’ont rappelé : l’eau est un bien commun vital qu’il est urgent de préserver.
Réaliser 10 % d’économie d’eau dans tous les secteurs d’ici 2030.
© Adobe Stock - Réaliser 10 % d’économie d’eau dans tous les secteurs d’ici 2030.

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C’était la teneur du message qu’Emmanuel Macron a délivré le 30 mars. Ce jour-là, le président de la République a annoncé 53 mesures avec l’objectif déclaré de « réaliser 10 % d’économie d’eau dans tous les secteurs d’ici 2030 ». En Seine-et-Marne, où la ressource en eau est aussi stratégique que fragile, on s’organise également.

Avec ses 4 400 kilomètres de cours d’eau, la Seine-et-Marne joue un rôle moteur dans la gestion de l’eau en Île-de-France. Mais sa préservation s’est dégradée depuis les années 1990. Développement économique rapide, taux de pesticides ou de nitrates trop élevés et cultures agricoles extensives sont autant de raisons qui expliquent cette situation préoccupante. Confrontés à cet enjeu majeur, les principaux acteurs du territoire ont décidé de s’unir et de réagir.

Des nappes souterraines essentielles

Les deux principales nappes souterraines de Seine-et-Marne (nappe phréatique de Champigny et nappe alluviale de La Bassée) représentent 78 % de l’eau puisée sur le territoire. Autant dire que ces nappes exercent un rôle fondamental dans l’alimentation en eau des Seine-et-Marnais, mais aussi des Franciliens. Les protéger est donc impératif. C’est ce que s’évertue à faire Aqui’Brie, association basée à Dammarie-les-Lys et cofinancée par le Département. Veillant exclusivement sur la nappe phréatique de Champigny (son eau alimente à 90 % la Seine-et-Marne et Paris), son périmètre de compétence est de 2 600 km2 (soit 221 communes concernées, ainsi que 900 agriculteurs, des industriels, des terrains de golf, des aérodromes…). « Gérer l’impact des activités humaines sur la nappe est le cœur de notre travail. Nous avons un rôle d’information et d’accompagnement. À l’avenir, il faut se préparer à une répartition différente de l’usage de l’eau, c’est une question d’adaptation », estime Laurence Durance, directrice d’Aqui’Brie. À ce titre, l’association est à l’initiative de “Champigny 2060“, dispositif lancé en 2020 et réunissant les principaux usagers de l’eau, afin de modéliser les futurs scénarios possibles, liés à l’évolution de la nappe phréatique de Champigny. « On se voit deux fois par an et la prochaine réunion aura lieu en juin. Tous les acteurs jouent le jeu. De toute façon, les solutions ne pourront être que locales », ajoute Laurence Durance.

Le plan départemental de l’eau

Fin 2005, la qualité de l’eau distribuée n’était pas satisfaisante dans près de 200 communes représentant 235 000 habitants. Signé en septembre 2006 par plusieurs acteurs (État, Agence de l’eau Seine Normandie, Région Île-de-France, Union des maires de Seine-et-Marne, Chambre d’agriculture et Département), le premier Plan départemental de l’eau (PDE) a marqué une prise de conscience. Les actions mises en place étaient à la fois curatives (sécuriser et pérenniser l’alimentation en eau) et préventives (intensifier la prévention des pollutions ponctuelles), sans oublier un volet communication (adoption de comportements écocitoyens). Le but était d’assurer une gestion globale et équilibrée de la ressource. Deux autres plans ont suivi, dont le dernier signé en 2017 et prolongé jusqu’en 2024. Celui-ci a été enrichi de nouveaux thèmes comme la prise en compte du changement climatique et la gestion du risque d’inondation ou bien encore la valorisation des milieux aquatiques et humides. Résultat : en 2021, 95,2 % des Seine-et-Marnais (soit 443 communes) étaient alimentés par une eau conforme. « Grâce à une gouvernance efficace, nous sommes en nette progression, même si l’objectif est d’atteindre les 100 % », confie Jean-Marc Chanussot, conseiller départemental, délégué à l’eau et à l’assainissement et président de l’association Aqui’Brie.

© DR - Le projet casier pilote de La Bassée

L’heure de la sobriété

La mise en œuvre d’un plan de sobriété d’ici cet été fait partie des mesures annoncées par le président de la République. « Les ministres vont réunir les différents secteurs. Les bâtiments de l’État seront équipés de mécanisme de récupération des eaux de pluie et d’équipements agro-économes », a notamment indiqué Emmanuel Macron. Par ailleurs, une campagne de communication grand public sera lancée, tandis que les collectivités seront également mobilisées. En Seine-et-Marne, on n’a pas attendu ces annonces pour agir. « Dans cette bataille, chaque Seine-et-Marnais doit se sentir acteur. Par exemple, arroser sa pelouse en plein été est une aberration », souligne Jean-Marc Chanussot. Pour sensibiliser la population, le Département s’appuie notamment sur Natur’Eau 77, charte novatrice et unique en Île-de-France paraphée par 13 partenaires lors du dernier congrès des maires de Seine-et-Marne, en septembre 2022. S’inscrivant dans une démarche partagée, celle-ci fédère tous les acteurs de la filière, dont les cinq structures porteuses du Schéma d’aménagement et de gestion des eaux et les établissements publics d’aménagement Marne France et Sénart. « Il faut intégrer la gestion de l’eau dans les projets d’aménagement, les documents d’urbanisme et sensibiliser les gestionnaires d’espaces. Impliquer les collectivités et les usagers est aussi primordial », insiste Jean-Marc Chanussot. Parmi les actions envisagées, on peut citer la protection et la restauration des zones humides (acquisition de 30 hectares dans les cinq années à venir), l’identification des zones naturelles d’expansion des crues (ZNEC), essentielles dans le fonctionnement des cours d’eau et la prévention des inondations, ainsi que la désimperméabilisation des espaces publics et notamment des cours d’école (20 cours à traiter d’ici 2027) via la plateforme d’ingénierie ID 77.

© Adobe Stock

Des défis à relever

Dans les années à venir, la préoccupation majeure sera de maintenir une eau potable de qualité et de continuer à garantir son alimentation aux usagers. Ainsi, la mise en service, fin 2022, d’une nouvelle unité de traitement à Coulommiers (4,4 millions d’euros d’investissement) va dans ce sens. Mais d’autres défis attendent notre territoire. Lutter contre les pollutions diffuses sur les aires d’alimentation de captages (AAC), réduire l’utilisation des engrais et des pesticides en concertation avec les agriculteurs (351 communes sont déjà adeptes du “zéro Phyt’Eau”), recycler les eaux usées (passer de 1 % actuellement à 10 % en 2030 selon le souhait du président Macron), favoriser l’infiltration des eaux pluviales et prévenir les inondations (lancer un projet par an sur chaque intercommunalité) sont autant d’actions à mener rapidement. Quant aux deux projets d’envergure (le casier pilote de retenue d’eau de la Bassée, géré par l’établissement public Seine Grands Lacs sur les communes de Chatenay-sur-Seine, Gravon, Balloy et Égligny et le canal grand gabarit Bray-Nogent), ils sont en cours, mais plusieurs associations environnementales les contestent. La gestion de l’eau ne laisse vraiment plus personne indifférent.

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