Contestant avec « fermeté » le projet de loi Justice, le barreau de Melun s'est fendu d'une lettre ouverte directement adressée à la Garde des Sceaux, Nicole Belloubet. Le texte est notamment accusé d'instituer une « justice illisible, livrée à des intérêts privés, éloignée du justiciable » et « consacrant un nouveau recul du droit de la défense et des droits fondamentaux ». Les avocats melunais citent notamment l'expérimentation de la spécialisation des Cours d'appel, qui concerne finalement cinq régions et non pas deux, comme le projet le prévoyait initialement, suite à l'adoption « d'amendements inacceptables » par la commission des lois de l'Assemblée nationale.
L'arrivée des tribunaux judiciaires est perçue comme un renoncement progressif aux tribunaux de grande instance et aux tribunaux d'instance, « éloignant ainsi le citoyen des lieux de justice ». Le barreau de Melun dénonce aussi l'abandon de l'encadrement des plateformes privées de résolution amiable des litiges, dans la mesure ou la certification des opérateurs privés et payants est devenue facultative.
Prenant ces mesures comme une « concertation de façade », la profession se borne toutefois à cette interpellation de la Garde des Sceaux et ne souhaite pas « adhérer en l'état au principe d'une grève des audiences et au gel des désignations » ; craignant que cette mesure ne soit pas comprise par les justiciable « sans un système de concertation et de cohésion au niveau national ».