Scruter les prouesses d'un ministre de l'Agriculture au volant d'un monstre de près de 600 chevaux, situation impossible ? La scène s'est pourtant bien déroulée sur l'exploitation de Guillaume Lefort, agriculteur et ambassadeur #agridemain, lors de la visite de sa ferme située dans le Sud Seine-et-Marne, à Arville. Si Stéphane Travert n'a pas eu à piloter de Formule 1, c'est bien au volant d'une moissonneuse-batteuse qu'il a pu se « confronter à la réalité du terrain », fauchant une parcelle de la ferme Laurecourt pour célébrer la Fête des moissons.
La visite s'annonçait difficile, le ministère ayant annoncé un prélèvement de 4,2 % sur les soutiens directs perçus par les agriculteurs. La FNSEA dénonçait alors un « hold-up inacceptable », tandis que les producteurs bio se disaient déçus du montant de l'aide apportée. Stéphane Travert a donc profité du déplacement pour mettre les choses au point. « Non, nous ne supprimerons pas les aides à la conversion au bio, oui, nous honorerons nos engagements », a-t-il répondu avec force, expliquant qu'il avait pris « ses responsabilités » et fait « des choix » face aux « impasses budgétaires ».
Stéphane Travert a ensuite souligné qu'il devait « se battre pour faire en sorte que la politique agricole commune (PAC) « reste ambitieuse », la « parole de la France étant essentielle et attendue ». Indiquant ne pas vouloir « favoriser des modèles agricoles ». Il a rappelé que ces visites de terrain visaient avant tout à faire un état des lieux, puis à échanger autour des « difficultés des agriculteurs mais aussi et surtout de leur projet ». Stéphane Travert a ensuite pu goûter quelques produits seine-et-marnais, avant d'échanger à huis clos avec les agriculteurs.
Arnaud Rousseau, président de la FDSEA 77, avec ses homologues Mathieu Beaudoin, président des JA 77, et Thierry Bontour, président de la Chambre d'agriculture, a signalé en ce sens que si un « accueil républicain » avait tout de même été réservé à Stéphane Travert, suite au « hold-up », la profession attendait la mise en place d'un « vrai projet » en lieu et place d'une politique visant à « déshabiller Paul pour habiller Jacques ».
Une communication brouilléeRapprocher l'agriculteur et le consommateur, c'est aussi l'ambition de la campagne #Agridemain, présentée pour l'occasion par son coordinateur Luc Smessaert (au centre de la photo ci-contre). « L'objectif est d'expliquer notre métier, de montrer que nous sommes des gens passionnés qui travaillons à ciel ouvert, a-t-il confié. Mais aussi de montrer les innovations, de renouer le contact et de combattre les stéréotypes ».
Luc Smessaert a rappelé à ce titre que depuis 20 ans, de larges progrès avaient été faits sur les « dossiers environnementaux », mais que ces aspects n'avaient pas été expliqués par les agriculteurs.
Aussi, dans le cadre de cette campagne de communication, Guillaume Lefort a indiqué que sa ferme nourrissait 5 956 personnes par an, et qu'il employait deux salariés tout en contribuant à 10 emplois induits. L'ensemble de ses cultures (blé, orge, colza, maïs) capte par ailleurs 2 943 tonnes de C02, soit l'émission annuelle de 1 132 voitures.