Le biométhane est une énergie incontournable pour réussir la décarbonation de la France. Mauritz et Jacques-Pierre Quaak l’ont compris dès 2013 en créant la première unité de méthanisation de l’Hexagone au sein de leur exploitation agricole, la ferme d’Arcy (plus de 280 hectares), située à Chaumes-en-Brie. Ils sont les premiers à avoir eu l’idée d’injecter le gaz issu de la méthanisation dans le réseau exploité par Gaz réseau distribution de France (GRDF). Dix ans plus tard, le pari de ces deux frères précurseurs est en passe d’être réussi.
Il faut, en effet, savoir que la production actuelle de gaz vert équivaut à la puissance de deux réacteurs nucléaires et pourrait représenter 20 % de la consommation de gaz en 2030. Cette dynamique confirme l’essor de la filière biométhane en injection (610 sites en fonction, dont 510 reliés au réseau de GRDF). Rien qu’en Seine-et-Marne, on compte 12 unités de méthanisation à la ferme en service et une soixantaine de projets en cours.
“On essaie d’améliorer notre processus“
Produit à partir de déchets organiques agricoles, le gaz vert apporte des réponses concrètes à des enjeux majeurs : réduction de l’empreinte carbone de secteurs consommateurs d’énergie, souveraineté énergétique, transition écologique du monde agricole et réindustrialisation du pays. Selon GRDF, le gaz vert est la seule énergie renouvelable à avoir largement dépassé les objectifs fixés par l’État (6 TWh/an de production de biométhane étaient prévus en 2023, mais le double sera atteint à la fin de cette année).
Tous ces paramètres, les frères Quaak les avaient déjà intégrés quand ils ont commencé à prospecter aux quatre coins de l’Europe pour peaufiner leur projet. Mais il leur a fallu convaincre les plus sceptiques. “Avec un investissement de 5 millions d’euros, il y avait une part de risque, mais on a toujours su que notre projet était viable“, confie Mauritz Quaak.
A la ferme d’Arcy, le surplus de biométhane part dans le réseau et alimente cinq communes voisines (Guignes, Yèbles, Verneuil-l’Etang, Fontenay-Trésigny et Ozouer-le-Vougis), soit 2 000 foyers raccordés. Depuis cet été, les frères Quaak ont installé 1 650 m2 de panneaux photovoltaïques qui alimentent leur méthaniseur en électricité. Mais la grande nouveauté, c’est la mise en place d’unliquéfacteur baptisé Zoé qui permet de capter totalement les émissions de CO2 résiduel, afin d’améliorer le bilan carbone de leur unité de production. C’est ce qu’on appelle la méthanation biologique. “On essaie d’améliorer notre processus pour qu’il soit plus vertueux et plus valorisant. Ce type d’équipement représente une partie de l’avenir de la méthanisation“, conclut Mauritz Quaak.