“Un problème de santé publique“. Vincent Paul-Petit, le maire (LR) de Seine-Port,petite commune de Seine-et-Marne située près de Melun, se place d’emblée sur le terrain médical pour évoquer les risques liés à l’utilisation intensive des téléphones portables et à la surexposition aux écrans numériques.
Cette initiative, qui est une grande première en France, a été lancée le 7 octobre à l’occasion d’une conférence qui a réuni une soixantaine d’habitants de cette petite commune voisine de Melun. Alors que des autocollants “Seine-Port, commune sans smartphone“ ont été distribués au cours de cette réunion, Vincent Paul-Petit a pu affirmer sa position. “Le recours à une interdiction dans l’espace public pourrait faciliter les choses“, a-t-il notamment déclaré.
Ce n’est nullement une lubie de la part de l’élu. Affirmant être soutenu par d’autres maires, celui-ci s’appuie, en effet, sur les travaux d’Anne-Lise Ducanda, médecin spécialisée dans la protection maternelle et infantile (PMI) et cofondatrice du Collectif surexposition aux écrans (CoSe). Présente également le 7 octobre, celle-ci a dressé un constat alarmant : dès l’âge de deux ans, un enfant sur trois est déjà exposé aux écrans, tandis que ceux âgés entre 11 et 14 ans y consacrent huit heures par jour en moyenne.
Une charte et un référendum en préparation
Dans ce contexte, qui englobe également d’autres dangers (cyberharcèlement, pornographie voire obésité et altération de la vue), l’objectif de Vincent Paul-Petit est de favoriser “une prise de conscience face à cette addiction généralisée“. Pour cela, il prend l’exemple de certains pays (Chine, Suède, Irlande) qui ont déjà adopté des mesures restrictives, mais mise surtout sur la responsabilisation des parents.
En attendant que l’Etat légifère sur le sujet, l’édile de Seine-Port souhaite instaurer une charte qui serait élaborée par des parents, des grands-parents, des professionnels de santé et des enseignants de la commune. Celle-ci interdirait l’utilisation du téléphone portable dans l’espace public, limiterait la place des écrans dans les foyers et délivrerait des conseils et des contacts utiles aux familles.
Pour faire adopter cette mesure, sans doute jugée trop radicale et réactionnaire par certains, il propose de sonder ses administrés dans le cadre d’un référendum. La date du 3 février 2024 est envisagée. Si une majorité se dégage ce jour-là, cette charte sera alors débattue en conseil municipal et un arrêté municipal sera pris. En attendant, un nouveau débat public doit avoir lieu le 25 novembre.