CV : Bonjour Maître Leclerc, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Après des études à l’Université de Montréal, j’ai commencé ma pratique au Québec dans un grand cabinet « anglo-saxon », en droit des affaires. Dès le départ, j’ai eu l’occasion de traiter avec des clients étrangers, notamment français, ce qui m’a amenée à travailler en France une première fois en qualité d’expatriée pour mon cabinet (pendant environ trois ans et demi). J’ai ensuite repris ma pratique pendant quelques années au Canada avant de m’établir définitivement en France. Après un passage - très formateur - de quelques années en entreprise à la Direction juridique du groupe Valeo, j’ai repris ma pratique en cabinet. Je suis maintenant associée principale du cabinet Fasken Martineau, un cabinet d’avocats d’affaires international.
CV : Pourquoi avoir choisi une spécialisation en droit des affaires et droit immobilier ?
Dès le début de mes études, le droit des affaires (droit des sociétés, droit commercial) m’a séduite, en raison, sans doute, de son lien direct et pratique avec le milieu des affaires. Par la suite, j’ai eu l’opportunité de travailler comme assistant de recherches pour un professeur de droit des sociétés et de participer à la réforme du droit des compagnies du Québec. Lorsque j’ai commencé ma pratique en cabinet, j’ai évidemment été recrutée pour le département du droit des affaires (notamment fusions /acquisitions, droit des sociétés, droit boursier). J’ai d’ailleurs fait un stage de près d’un an auprès de l’AMF (Québec) dans le cadre d’un programme d’échange avec les cabinets d’avocats.
Le droit immobilier est venu plus tard, au fur et à mesure des dossiers traités pour divers clients, notamment des sociétés immobilières ou des sociétés œuvrant dans le domaine de l’hôtellerie. En plus des dossiers de droit immobilier proprement dits, les dossiers de fusions/acquisitions comportent souvent un aspect immobilier.
Aujourd’hui ma pratique continue d’évoluer, en fonction des besoins des clients du cabinet mais toujours à l’intérieur du grand cadre du droit des affaires.
CV : Ne pensez-vous pas que les évolutions réglementaires en France soient parfois contraignantes pour les jeunes avocats ?
A mon avis, ce n’est pas la réglementation qui peut être un handicap pour les jeunes avocats. Au contraire : la tendance toujours marquée à l’inflation du cadre réglementaire français, notamment en ce qui concerne les entreprises, accroît le besoin d’avocats en France. Certaines catégories de personnes ou d’entreprises qui ne faisaient jusqu’à présent pas appel à un conseil juridique se trouvent désormais incapables de décoder seules les exigences réglementaires toujours plus importantes. Elles ressentent donc le besoin de faire appel à un avocat pour une assistance ponctuelle, (opérations de cession d’actions ou d’actifs, mise en place d’un cadre contractuel avec des partenaires commerciaux…), ou encore pour une assistance juridique continue (vie juridique des entreprises). Il faut cependant tenir compte de la pression de plus en plus grande exercée sur le budget des Directions juridiques : les avocats doivent gagner en efficacité et en valeur ajoutée …
Le nombre élevé de nouveaux entrants sur le marché à chaque année, surtout dans un climat économique morose comme celui que connaissent actuellement la France et, plus généralement, l’Europe, est certes une source de préoccupation. Cette situation n’est cependant pas nouvelle ni propre à la France : si le nombre d’avocats en France a considérablement augmenté au cours de ces dix dernières années (selon les derniers chiffres disponibles, il serait passé de 39.454 en 2002 à 56.176 en 2012, soit une augmentation de 42%%), il demeure « raisonnable » en comparaison de celui des Etats-Unis où il serait de 1.143.358 avocats (soit 1 avocat pour 265 habitants).
L’arrivée sur le marché français de jeunes avocats étrangers bilingues voire multilingues et détenant des diplômes internationaux exacerbe également la concurrence. En revanche, l’international est maintenant également ouvert aux jeunes avocats français talentueux …
Malgré toutes ces évolutions, je suis convaincue que la profession d’avocat a au final de beaux jours devant elle, et les opportunités ne devraient pas se tarir pour les jeunes avocats. A l’époque (maintenant lointaine !) de mon arrivée sur le marché, la génération de jeunes avocats à laquelle j’appartenais se posait aussi des questions sur son avenir.
CV : Que pensez-vous de cette 7ème édition de Campus Avocat qui aura lieu le 9 juillet prochain à l’UNESCO ?
Campus Avocat est une opportunité que les jeunes avocats doivent saisir, de par la richesse et la diversité des formations proposées. Celles-ci sont résolument axées sur l’aspect pratique de la profession, et développent, pour chaque domaine du droit, plusieurs thèmes ou problématiques fréquemment rencontrés dans l’exercice de la profession.
Je constate, par exemple, qu’en matière de fusions et acquisitions, des sujets aussi essentiels que la lecture du bilan ou la garantie de passif sont traités. De même, les points d’actualités sont un excellent moyen pour les jeunes avocats de se mettre à jour et d’assimiler les évolutions législatives et jurisprudentielles de plus en plus denses.
La profession du droit évolue, comme la société et le monde de l’entreprise. Les cabinets ont revu leurs standards de recrutement de collaborateurs, notamment en termes de formation : un diplôme ou qualification international est définitivement un atout et le bilinguisme essentiel. Cela étant dit, les qualités de base - justesse du raisonnement, rigueur, ardeur au travail et sens des responsabilités- demeurent un prérequis.
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Maître Ginette Leclerc : "Campus Avocats est une opportunité pour les jeunes avocats"
Ginette Leclerc exerce dans les domaines des fusions-acquisitions, du « private equity », des fonds d'investissement, du financement et du droit commercial et des sociétés. Elle possède une expertise particulière en droit immobilier et en matière d'insolvabilité et de restructuration qu'elle met en pratique lorsqu'elle agit pour le compte d'institutions financières et de créanciers.

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