Comment concevez-vous le rôle du sénateur ?
Patrick Septiers : Le sénateur doit être un acteur local actif pour faire aboutir les projets et régler des problèmes, un relais efficace entre le local et le national et un législateur de bon sens. Il doit donc avoir une bonne connaissance du terrain, du fonctionnement des collectivités, mais aussi de la vie quotidienne des habitants de Seine-et-Marne et des acteurs (entreprises, associations…).
J’ai cette expérience du terrain, à travers mon parcours d’élu local, de président du Département, toujours à l’écoute des élus, pour prendre des décisions difficiles (retour des 90 km/h en opposition au Premier ministre Édouard Philippe) mais aussi pour préparer l’avenir de la Seine-et-Marne (livres blancs). Le Département a un passé. Il a aussi un avenir qu’il faut construire ensemble.
Avec mes colistiers, Valérie Prieux, cheffe d’entreprise, Corinne Jullien-Bianchini, responsable à la CCI et engagée dans la vie culturelle, des élus de grandes villes (André Noukhine-Fortier de Meaux, Charles Humblot adjoint de Melun) de petits villages (Laurence Klein, maire de Villemaréchal, Isabelle Pautrel adjointe d’Arbonne, Jacques Drouhin ,ancien maire de Flagy, créateur des maires ruraux de SEM) nous connaissons bien le territoire et ses problématiques, nous y vivons, nous y avons construit notre engagement public. Nos nombreuses rencontres avec les élus nous confortent dans nos analyses. Une fois élus, nous poursuivrons régulièrement ces rencontres essentielles pour garder le pouls du terrain.
Les sujets ne manquent pas, avec les déchets du grand Paris, la Seine-et-Marne ne doit pas devenir la poubelle de l’Île-de-France. Notre département, le plus grand de la région est celui où il y a le moins de transports. Il y a d’autres problématiques, comme les études post-bac, la santé, le logement, les gens du voyage, avec toutes les difficultés que cela peut générer pour les élus et pour les habitants.
Tous ces grands sujets et bien d’autres doivent être portés au niveau national, soit à travers des textes législatifs, soit en faisant pression sur les administrations et les décideurs.
La Chambre haute est au cœur de l’évolution législative de ces grands sujets…
Avec cette sorte de cohabitation à l’Assemblée nationale, le Sénat retrouve un rôle essentiel. Nous serons des législateurs présents, sérieux, nous incarnerons la voie de la sagesse, du bon sens, de l’expérience, mais aussi de l’innovation, du renouveau, avec une voix libre et indépendante, pour traiter les grands problèmes de notre société.
Le programme de l’équipe “Seine-et-Marne d’Abord” comporte plusieurs axes prioritaires. Quels sont-ils ?
Aujourd’hui, les élus passent trop de temps à établir les dossiers de subventions, à définir les projets avec trop de normes, etc. On perd à la fois du temps, de la crédibilité et de l’argent Je ne dis pas qu’il faut faire n’importe quoi, mais il y a un travail de simplification à mener pour être plus efficace. Il faut redonner confiance aux élus locaux.
Justement, comment pallier cette baisse de confiance ?
Ce qui me paraît essentiel, c’est l’évolution du statut de l’élu. La Première ministre souhaite d’ailleurs revaloriser sa rémunération. Je suis néanmoins un peu surpris qu’on parle des édiles de communes de plus de 3 500 habitants. En effet, près de 80 % des maires ont la charge de communes de moins de 500 habitants. Ce sont eux qui portent les dossiers. On se demande pourquoi cette barrière des 3 500 habitants a été retenue. Et, il n’y a pas que le problème de la rémunération, il faut prendre en compte la protection, la formation, des aides techniques… Il faut assurer l’autonomie financière aux collectivités et redonner du pouvoir aux élus.
Sans une loi forte dans ce domaine, il y aura une perte de vocation pour s’engager dans la vie publique locale et ce serait une grosse perte pour notre démocratie.
Le législateur ne joue pas son rôle ?
Pour moi, la loi doit s’adapter aux territoires et à leurs problématiques et pas le contraire. Je pense qu’il nous faut des textes souples, clairs et réalistes qui s’adaptent aux réalités de terrain.
Des sujets vont venir en discussion rapidement au Sénat, nous serons vigilants sur la qualité de ces lois. Il y a les textes liés à la sécurité et à la justice. Des lois importantes se préparent sur l’immigration et sur l’agriculture. La défense des agriculteurs est essentielle et il faudra se battre au Sénat pour qu’ils puissent continuer à assurer la sécurité alimentaire de notre pays.
Concernant l’immigration, on ne sait pas exactement quel sera le texte, mais il faut qu’il préserve l’État de droit et la sécurité nécessaire de l’ensemble de nos concitoyens. Les textes sur la transition écologique doivent être réalistes et ne pas être ressentis comme des punitions.
D’un point de vue plus général, que pensez-vous de la Chambre haute et de son influence sur la politique française ?
Ces derniers mois, on entend de plus en plus parler du Sénat. Comme je le soulignais précédemment, les sénateurs ont la sagesse et le bon sens. L’expérience est pour moi essentielle. Comme maire, président de la Communauté de communes et comme président du Département, j’ai géré avec les élus locaux la crise de la Covid, j’ai mené avec eux de très nombreux combats, avec toujours comme seul objectif l’intérêt général. Je fais confiance aux grands électeurs de Seine-et-Marne qui sauront faire le bon choix le 24 septembre : le choix de l’expérience, de la connaissance du terrain et du bon sens.
Pour rappel, le Sénat représente les collectivités territoriales. Ses membres sont élus au suffrage universel indirect. Depuis 2011, la chambre haute, composée de 348 élus, est renouvelée par moitié, tous les trois ans. Les élections du 24 septembre concernent les 170 sièges de la série 1. En Seine-et-Marne, six sièges sont à pourvoir (scrutin proportionnel).