« Nous utilisons les plantes pour dépolluer des déchets non dangereux ». C'est dans le Sud Seine-et-Marne que l'entreprise Phytorestore a choisi d'installer sa Bioferme de 104 hectares il y a dix ans. Classée ICPE (installation classée pour la protection de l'environnement), la structure assure le traitement et le compostage de déchets organiques. Les boues de station d'épuration, les graisses issues d'industries ou encore les matières de vidange sont dépolluées grâce aux propriétés des iris, joncs et autres roseaux. « C'est actuellement le seul site de ce type en France », explique Anthony Baudin, responsable de la Bioferme, qui ajoute qu'après leur passage par le centre de traitement, les déchets sont transformés en compost.
Une fois déposés dans une fosse de liquéfaction, ces déchets circulent à travers des bassins étanches appelés “ casiers plantés de traitement ”. « Il va s'opérer une osmose entre la plante et les bactéries qui se développent près des racines, détaille Anthony Baudin. La bactérie va produire une enzyme qui casse la chaine moléculaire du polluant ».
L'eau est ainsi épurée de bassin en bassin, avant de passer par un filtre de piégeage, qui va concentrer les métaux lourds restants. L'eau finalement recueillie, « non potable mais baignable », est réutilisée, le site fonctionnant en circuit fermé.
Ainsi, les 6000 m² de surface de traitement assurent le traitement de 30 000 tonnes de matières par an, produisant près de 3 650 tonnes de compost chaque année. « Le but du jeu, c'est de valoriser le compost au niveau local en partenariat avec les agriculteurs »,
poursuit Anthony Baudin, qui assure que l'entreprise cherche à favoriser l'économie circulaire au maximum.
Un centre expérimental Si le siège de l'entreprise est basé à Paris, le site de La Brosse-Montceaux en est le “ bras technique ”. On y trouve par ailleurs des champs de cultures expérimentales et un centre de R&D, ainsi qu'un centre de sélection variétale. L'entreprise dispose également d'une antenne au Brésil et en Chine.
Phytorestore a aussi conçu des piscines naturelles sans chlore, notamment au Maroc. « A l'Île Maurice, le Club Med récupère et traite l'ensemble de ses eaux grises pour irriguer le golf, c'est donc un gain économique et écologique », ajoute Anthony Baudin. À l'avenir, Phytorestore compte trouver des investisseurs pour multiplier ce concept de Bioferme, en France et à l'international. D'autres projets, notamment au niveau local, sont en cours, comme la valorisation de la quarantaine d'hectares de miscanthus de la bioferme au sein de la chaufferie biomasse de Montereau-Fault-Yonne. Cette plante proche du bambou, installée sous forme de haie, favorise la biodiversité en formant un véritable refuge pour la faune. « Nous souhaitons aller plus loin et développer des filières de méthanisation, éventuellement avec les particuliers », projette Anthony Baudin, qui annonce qu'une « thésarde travaille à valoriser cette plante à travers le compost ».