« Je ne suis pas un carriériste, si demain je n’ai plus de poste d’élu, je n’en ferai pas tout un foin », annonce sans détour Pierre-Emmanuel Bégny. A 30 ans, le maire de Saâcy-sur-Marne a déjà un parcours professionnel bien rempli. En 2009, à 25 ans il est recruté dans le cabinet du ministre des Relations avec le Parlement, Henri de Raincourt, puis de Patrick Ollier, fraîchement élu président de la Métropole du Grand Paris. L’aventure s’arrête en 2012. Il décide alors de se lancer dans le privé en intégrant la direction du groupe la Grande Récrée, une chaîne de magasins de jouets. Mais, dix-huit mois plus tard, peu avant les élections municipales de 2014, Pierre-Emmanuel Bégny décide de revenir en politique et entre en campagne dans une ville qu’il connaît bien.
Parisien de naissance, il effectue l’ensemble de son cursus scolaire dans la capitale. Ses parents ont acheté dans les années 1980 une résidence secondaire à Saâcy-sur-Marne où la famille vient passer ses week-ends et vacances, au calme. « Je viens ici depuis mon enfance, j’y suis très attaché, s’il y avait une municipalité que je souhaitais briguer, c’est bien Saâcy. » Le jeune maire se souvient aussi avec émotion de l’installation de l’orgue dans l’église de la ville à laquelle il a participé dix ans auparavant.
Pari réussi. Aux élections municipales de 2014, il remporte le second tour avec 63,4 %% des voix. « Les journalistes sont étonnés de voir un maire appliquer les promesses de campagne », avoue-t-il, non sans une certaine fierté. Un programme axé sur la sécurité, notamment. « Il y a beaucoup de cambriolages, et d’autres faits de dégradations malheureusement. » Le jeune maire emboîte le pas d’autres municipalités et demande l’armement de sa police municipale ainsi que la possibilité d’effectuer des patrouilles en dehors des horaires de bureaux habituels. « Patrouiller uniquement de 9h à 17h ce n’est pas efficace. »
L’autre mesure phare, c’est l’installation de 19 caméras de surveillance. « Lorsque je suis arrivé à la mairie en 2014, la commune venait d’essuyer une vague de cambriolages l’année précédente. Presque une soixantaine et plusieurs dégradations de biens publics. La sécurité est un droit essentiel des citoyens. » Mais dans un contexte de diminution des dotations pour les collectivités territoriales, comment la Mairie a-t-elle financé ces projets ? « Dès mon arrivée j’ai recruté un jeune directeur général des services, une aide précieuse. Sa mission principale, c’est d’obtenir des subventions. »
Chaque projet est au minimum financé à 30%% par les subventions. « Pour la réfection de la rue principale on a même obtenu 80%% ». Le tandem municipal s’est aussi attaqué à la renégociation des contrats, dans leurs moindres détails. Electricité, photocopieurs, téléphonie. « Au bout du compte, un euro plus un euro plus un euro ça fait des milliers d’euros chaque année pour la commune ». Une rigueur budgétaire qui permettrait, combinée aux subventions, d’autofinancer toutes les améliorations. « On est en train de changer d’air, les gens ne comprendraient pas qu’une municipalité soit mal gérée. Il est venu le temps de la rationalisation des coûts. On ne peut pas se permettre d’avoir des villes constamment dans le rouge comme c’est trop souvent le cas en Seine-et-Marne ».
Si le maire serre la ceinture de la commune, c’est aussi pour mener à bien les projets et travaux attendus par la population. « Le chemin piéton jusqu’à la gare RER, voilà un changement concret. Avant les usagers devaient marcher le long de la départementale, à côté des voitures. »
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L’autre enjeu était de redynamiser la vie communale. Pour y parvenir, le comité des fêtes a été recréé, plusieurs manifestations d’envergure se sont déroulées l’an passé, comme le marché de noël qui a réuni 1 500 personnes, ainsi que la fête du village sur trois jours. « Plus de 4 000 personnes présentes pour une commune de cette taille, c’est un beau succès ». Par ailleurs, quatre nouveaux commerces ont ouvert leurs portes en centre-ville, deux restaurants, un bar-tabac et une boucherie.
Et le maire est encore plus ambitieux. « Un projet de fusion est dans les cartons », explique-t-il. « A terme, nous souhaitons fusionner avec deux autres communes pour arriver à créer une seule de plus de 4 000 habitants. » Cela permettrait d’obtenir une bonification de 5%% sur les dotations de l’Etat. Ce qui représente 200 000 euros, « une somme non négligeable ».
Quant à son avenir politique, Pierre-Emmanuel Bégny n’en fait pas une obsession : « Si un jour on souhaite me confier des fonctions à un échelon supérieur, je l’accepterai. Mais je considère qu’une carrière politique se bâtie sur un socle local solide. Je dois faire mes preuves à ce niveau-là avant de penser au reste. » Le « fougueux » maire estime avoir beaucoup à faire au sein de la commune et de l’agglomération. « Je ne suis pas venu pour regarder les trains passer. »