Persécuté, traqué et épié par des tourmenteurs imaginaires, il voulait “se venger de l'être humain“. Condamné à la perpétuité en première instance, David Patterson, 37 ans, l'homme atteint de troubles psychiatriques qui avait froidement foncé en voiture en 2017 sur une pizzeria de Sept-Sorts, est jugé en appel depuis le 30 août. Au total, ce dossier compte 48 victimes.
L'ex-vigile est accusé d'avoir tué une adolescente de 13 ans et grièvement blessé douze clients en précipitant une grosse cylindrée à pleine vitesse sur la terrasse d'un restaurant de Sept-Sorts, une petite commune située tout près de La Ferté-sous-Jouarre. Reconnu coupable en 2021 par la cour d'assises de Seine-et-Marne d'assassinat et tentative d'assassinat, il avait été condamné la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une période de sûreté de 22 ans. Une peine dont il espère une atténuation en raison de ses problèmes mentaux. « Au moment des faits, je n’étais pas moi », explique d'une voix pâteuse David Patterson, crâne rasé et corps bouffi par les traitements médicamenteux qu'il prend désormais.
Ce 14 août 2017, en arrêt de travail et en plein sevrage cannabique, il est fortement perturbé par une carte postale au nom d'un autre déposée par erreur chez lui. Il prend alors le volant d’une puissante BMW de location avec une seule idée en tête : « faire quelque chose de grave ». Arrivé à la ZAC de Sept-Sorts, il lance sa voiture contre la terrasse de la pizzeria où dînent des familles. Le véhicule traverse la vitrine et la salle de restaurant avant de s'écraser contre le bar. Un carnage. Aussitôt placé en garde à vue, le suspect se tape la tête contre les murs de la gendarmerie en expliquant qu'il est “déjà mort“.
« Je me sentais poursuivi »
« Je pensais qu'on me voulait du mal », a affirmé l'accusé lors du premier jour de son procès devant la cour d’appel du Val-de-Marne. Qui donc ? « Des personnes, la mafia, les gens du voyage », a-t-il avancé au gré de l'instruction. « Maintenant que je me suis rendu compte que j'étais malade, je me dis que c'était totalement incohérent », assure David Patterson, qui est toujours à l'isolement carcéral et suit un traitement psychiatrique. En première instance, le jury avait estimé que ces problèmes psychiques caractérisaient bien une “altération“ de son discernement au moment du drame. La cour l'avait cependant condamné à la plus lourde peine en raison de son “exceptionnelle dangerosité“, qui le rend, selon elle, susceptible de récidiver.
Interrogé par l’Agence France Presse, son avocat, Me Eric Plouvier, a déploré que le débat juridique se trouvait tributaire de “notions floues et arbitraires“ de psychiatrie. Le verdict est attendu le 9 septembre.