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Stéphanie Tiffonnet : « Un vrai sentiment d’injustice »

Comme ses confrères boulangers, Stéphanie Tiffonnet, propriétaire de “la Galerie des pains“ à Barbizon, subit les conséquences de la crise énergétique.
Stéphanie Tiffonnet, Présidente de la Maison de la boulangerie de Seine-et-Marne.
© DR - Stéphanie Tiffonnet, Présidente de la Maison de la boulangerie de Seine-et-Marne.

ÉconomieVie des entreprises Publié le , Propos recueillis par Farid Zouaoui

Présidente de la Maison de la boulangerie de Seine-et-Marne (syndicat qui représente les 410 boulangeries artisanales du département), elle exprime son inquiétude.

Quelle est la situation en Seine-et-Marne ?

On gère des dossiers avec des factures qui débordent. On a réussi à casser des contrats abusifs à plus de 1 500 euros du mégawattheure (MWh). Moi, je suis déjà, en moyenne, à 256 euros du MWh lissés sur l'année, mais la plupart de mes confrères sont bien au-dessus, à 600 ou 700 euros heure pleine hiver. Les particuliers et les petites entreprises sont protégés par le bouclier tarifaire, pas nous. On paie plus cher, car on a un compteur jaune et des fours électriques. Il y a une dizaine d’années, on nous a incité à changer nos fours à gaz et à fioul pour des raisons écologiques. On a été très obéissants, mais aujourd’hui, on a le revers de la médaille.

Quelle peut être la solution ?

Les fournisseurs d'énergie doivent se montrer raisonnables et baisser leurs tarifs. On se demande à qui profite le crime. L'électricité dépend d'un marché européen basé sur la spéculation et ce sont les spéculateurs en bourse qui gagnent beaucoup d'argent. Les produits de première nécessité comme l'eau, l'électricité et les denrées alimentaires de base ne devraient pas être soumis à cette spéculation, c'est inadmissible. On ne fait pas l’aumône, mais ce que le gouvernement nous a proposé n'est pas suffisant.

Des boulangeries vont-elles fermer ?

Pas à ma connaissance, mais certaines sont dans des situations précaires. Quand vous avez un chiffre d’affaires annuel de 300 000 euros environ, qui est à peu près la moyenne en Seine-et-Marne, que vous payez déjà 20 000 euros d'électricité par an et qu’on vous annonce un tarif multiplié par trois au minimum, c’est la goutte de trop. D’autant qu’il y a encore les salaires à payer, l'Urssaf, les assurances, le loyer, les diagnostics, sans compter les matières premières qui ont été multipliées par deux en deux ans. Moi, je payais 2 500 euros environ par mois en hiver. Là, je vais payer cinq mille euros. Il y a un vrai sentiment d’injustice.

Quelles vont être les conséquences pour vous ?

Ma trésorerie va diminuer, je ne pourrai pas embaucher une personne supplémentaire, ni investir dans du matériel neuf. Je vais devoir augmenter chaque produit de cinq centimes environ, mais pour certains clients, c’est déjà beaucoup. J’ai 12 employés et je fais tout pour éviter de licencier. Ce n’est pas la solution, car il y a deux bras en moins et on produit moins. On veut compenser soi-même, mais le risque, c'est le burn-out.

Que pensez-vous des boulangeries industrielles ?

Leurs offres ne sont pas tenables pour un artisan. Elles grignotent un peu le marché et des confrères en souffrent, notamment ceux du secteur de Saint-Fargeau-Ponthierry et Dammarie-les-Lys. Moi, je dis qu’il faut payer les choses au juste prix. C’est par la qualité qu’on s’en sortira. Mes clients savent pourquoi ils viennent chez moi. Mon message est simple : “Achetez votre pain chez vos artisans boulangers, pas dans les grandes surfaces !“

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