« Le monde n'a pas seulement changé, il a basculé », annonçait la vidéo d'ouverture de cette édition 2016 de l'université d'été du Medef. L'événement, organisé sur le campus d'HEC de Jouy-en-Josas, s'est donné comme objectif de rompre avec le pessimisme ambiant. C'est aussi dans la perspective de l'élection présidentielle de 2017 que le Medef s'est attaché à tourner cette université d'été vers l'avenir. Pierre Gattaz, le président du Medef, a d'emblée donné le ton lors de son discours d'ouverture.
Parcourant avec entrain l'estrade de la plénière Malakoff Médéric, le « patron des patrons » a tenu à rassurer ses homologues. « Nous ne sommes pas en crise, mais en mutation » a-t-il lancé, qualifiant l'université de « fête de l'entreprise et de l'économie ». Ainsi, loin de continuer à s'alarmer au sujet des tensions qui agitent l'Hexagone, le Mouvement des entreprises de France a souhaité se tourner vers l'avenir et ses solutions. Les hommes politiques n'ont pas manqué le rendez-vous, préparant avec soin l'élection présidentielle de mai 2017.
E. Macron, le grand absent
Avec une première demi-journée intitulée « Y croire, en quoi ? », les entrepreneurs ont listé l'ensemble des raisons qui permettent d'espérer. Des participants de tous horizons ont été invités à débattre des valeurs de la République, de solidarité, en passant par l'Europe ou encore la fierté d'être français. Étaient notamment invités Fabrice Brégier, P.-D.G. d'Airbus, Charles-Édouard Vincent, fondateur d'Emmaüs Defi, Sylvie Goulard, député européenne, ainsi que Josef Schovanec, philosophe et Thibaud Simphal, DG d'Uber France.
Lors de cet après-midi, c'est surtout l'annonce de la démission d'Emmanuel Macron de son poste de ministre de l'Économie qui a occupé les esprits. L'homme était attendu le lendemain de pied ferme par les entrepreneurs en sa qualité de ministre mais aussi pour son expérience au sein du monde des affaires. La plénière politique a conclu la soirée avec Olivier Faure, député PS de Seine-et-Marne, Jean Lassalle, député Modem des Pyrénées-Atlantiques et François Fillon, ancien Premier ministre. Ce dernier a été plutôt bien reçu par les chefs d'entreprise, promettant de réformer « vite » la France et surtout son code du travail.
Le pitch des politiques
Le lendemain matin le thème était « Y croire, comment ? ». Après avoir fait état des forces en présence, les entrepreneurs se sont logiquement tournés vers les réformes à mettre en œuvre. En effet, c'est au « conservatisme » et au « corporatisme » que les chefs d'entreprise espèrent mettre un terme, tant ces positions « empêchent la France d'avancer », indique le Medef. Les participants ont notamment évoqué la nécessité de former les travailleurs, afin de mieux répondre à leurs besoins. La simplification a également tenu une bonne place, ce thème étant plébiscité par les entrepreneurs, qui se disent acculés par la complexité et la densité des normes sous leur forme actuelle.
La plénière politique a fait la part belle aux candidats LR, avec le « grand oral » de Bruno Le Maire, suivi de celui de Nicolas Sarkozy. Si le premier a surpris l'assistance par sa verve, le second a reçu un accueil plus mitigé. Le gouvernement s'est également invité sur l'estrade, en la personne de Jean-Marie Le Guen, secrétaire d'État, chargé des relations avec le Parlement. Le membre de l'exécutif a essayé de défendre le bilan de sa majorité, devant un parterre déçu et déjà tourné vers les prochaines élections.
La troisième et dernière demi-journée (intitulée « Y croire, pourquoi ? ») a donc été amputée d'une intervention de marque, Emmanuel Macron ayant annulé sa venue. Cela n'a pas empêché les conférenciers de vanter les qualités de l'Hexagone, qu'il s'agisse de sa langue, de ses territoires et leurs richesses, ou encore des forces de sa démographie. Le marathon politique s'est terminé avec en premier lieu la venue d'Alain Juppé, qui a développé avec méthode et rapidité son programme pour 2017.
Rama Yade s'est également prêtée au jeu, exploitant sa jeune expérience en tant qu'entrepreneuse. C'est enfin Marie-Nöelle Lienemann qui a tenté de se faire entendre, handicapée de surcroît par sa position de « frondeuse » au sein du PS. Si la sénatrice de Paris a essuyé quelques huées, la qualité de son travail a tout de même été reconnue par l'assistance. L'université s'est terminée avec l'intervention de John Chambers, CEO de Cisco, accompagné d'un débat tourné vers le futur des entrepreneurs.