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Sénatoriales 2023

Vincent Eblé : “ Les élections sénatoriales sont une bataille collective“

Sénateur socialiste depuis 2011, Vincent Eblé, 65 ans, brigue un troisième mandat à l’occasion des élections sénatoriales programmées le 24 septembre.
Le sénateur socialiste Vincent Eblé (3ème place en partant de la gauche), entouré de son équipe, briguera un troisième mandat le 24 septembre.
DR - Le sénateur socialiste Vincent Eblé (3ème place en partant de la gauche), entouré de son équipe, briguera un troisième mandat le 24 septembre.

ActualitéSociété Publié le , Propos recueillis par Jean-Paul Viart et Farid Zouaoui

Ancien président (PS) du Département de Seine-et-Marne (2004-2015), Vincent Eblé conduit la liste “Rassemblement de la Gauche, des écologistes et des citoyens“. Même s’il déplore l’absence de soutien de la France insoumise (qui a également présenté une liste), il confie ses espoirs avant d’engager la bataille finale pour siéger au palais du Luxembourg.

Pourquoi briguez-vous un troisième mandat ?

Vincent Eblé : Être sénateur est un travail tout à fait sérieux et absolument passionnant. Nous l’effectuons loin, parfois, des simplifications un peu outrancières de la vie politique nationale. Quand on a exercé, comme moi, cette responsabilité pendant un certain nombre d'années, on souhaite le poursuivre. Et comme à 65 ans, je ne suis pas totalement hors d'âge, je peux encore faire un tour. Je ne suis pas comme mon collègue Pierre Cuypers (sénateur Les Républicains, NDLR) qui a 79 ans et se représente à nouveau. Libre à lui, c’est son choix et je ne critique pas. Comme pour moi, ce sera aux électeurs de lui confier ou non un nouveau un mandat.

Pouvez-vous nous présenter votre liste ?

Les élections sénatoriales, c’est une bataille collective.Nous avons donc souhaité constituer une liste de large rassemblement sur des options politiques qui sont celles de la gauche et de l'écologie politique. Cette liste, nous l’avons appelée “Rassemblement de la gauche, des écologistes et des citoyens.“ Mes deux premiers colistiers sont d’ailleurs Marianne Margaté (Parti communiste) et Hocine Oumari (Europe Ecologie-Les Verts).Les trois principales formations politiques constituent donc notre liste. Ensuite, on a cinq autres candidats ayant des sensibilités diverses. Certains sont d’ailleurs sans étiquette politique, mais leurs valeurs s'inscrivent clairement à gauche.

Cette liste [de La France Insoumise], qui ne peut prétendre obtenir le moindre siège, est une liste de division de la gauche. Elle est l’alliée objective de la droite et de la Macronie voire de l’extrême-droite qui peuvent rafler un siège au détriment de la gauche !


- À propos de la liste de dernière minute présentée par La France Insoumise.

Les candidats LFI vous reprochent de ne pas avoir cherché à les associer à votre liste…

Nous n'avons pas refusé de candidats de la France insoumise par principe. D’ailleurs, nous en avons soutenus plusieurs lors des élections législatives en 2022, mais les élections sénatoriales sont particulières. Il faut tenir compte de la représentation de nos différentes formations politiques au sein d’un corps électoral qui est composé d'élus municipaux pour une très grande partie et nous avons considéré que LFI n’était pas suffisamment représentative dans ce corps électoral pour qu'on puisse l'associer. En revanche, nous avons le soutien d'autres formations politiques (Parti démocratique, Parti radical de gauche, Gauche républicaine et socialiste, Place publique et Génération.s) qui ont rejoint notre rassemblement. Elles nous soutiennent de façon explicite.

Vous êtes élu au Sénat depuis 12 maintenant. Comment cette institution a-t-elle évolué ?

Le Sénat s'est rajeuni et s'est normalisé en ce qui concerne le type d'élus qui y siègent. Ce sont des élus qui sont tous intéressés par les questions de gestion des territoires. Tous les sujets sont débattus au Sénat comme à l'Assemblée nationale, mais nous avons une tradition de dialogue et de respect des positions des uns et des autres avec la possibilité, parfois, de nous entendre au point d’avoir des votes convergents. Cela ne veut pas dire que nous n’avons pas de convictions, au contraire. J'ai moi-même présidé pendant trois ans la commission des Finances en ayant été élu dans le cadre d'un accord entre les différentes composantes politiques. Si je vous dis cela, c’est pour vous expliquer qu’au Sénat, on travaille toujours avec une exigence d'échanges et de confrontations des points de vue. Nos concitoyens, qui ont vu avec un certain effarement quelques dysfonctionnements du débat public à l'Assemblée nationale, n'ont pas du tout le même rapport au Sénat. En tant que sénateurs, nous exerçons également un contrôle sur le pouvoir exécutif et les administrations. Quand nos amis députés sont fiers de mettre en place une évaluation durant un mois, je ne vous cache pas qu'on rit sous cape, parce que chacun d’entre nous est signataire de rapports de mission d'évaluation toute l’année. Nous travaillons aussi dans des commissions dont la plus médiatisée est la commission d'enquête.

Le volet fiscal tient une place importante dans votre programme. Pour quelles raisons ?

Après plus de six ans de mandat, la Macronie n'a pas apaisé les tensions produites par les différentes crises que nous traversons. Il suffit de se rappeler de l'épisode des Gilets jaunes ou des millions de Français qui sont descendus dans la rue pour protester contre la réforme des retraites. Un élément particulièrement important est à observer, ce sont les politiques fiscales qui ont été mises en œuvre. Elles ont toutes eu pour conséquence de différencier le traitement des contribuables les plus fortunés et des très grandes entreprises avec celui des personnes modestes aux faibles revenus. Je pense, par exemple, à la TVA ou à la CSG qui n'ont pas été allégées et qui pèsent sur tous,y compris les retraités. En revanche, l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF) transformé en impôt sur la fortune immobilière (IFI) et la taxe plate (“flat tax“,fiscalité des dividendes versés par les entreprises à leurs actionnaires, NDLR) ont connu un allègement considérable. Quand j’étais président de la commission des Finances, j'ai cosigné un rapport avec mon collègue Albéric de Montgolfier, (sénateur Les Républicains d'Eure-et-Loir, NDLR) qui a permis de révéler que les 100 contribuables français les plus riches ont bénéficié d’un cadeau fiscal d'un million d'euros par an et par contribuable grâce à cette double réforme. Cette somme considérable produit un défaut de recettes fiscales au moment même où nous avons un besoin exacerbé de services publics. Je ne suis donc pas sûr que ce gouvernement puisse se targuer d'être celui qui a le plus grand sens de la responsabilité enmatière d’équilibres financiers. La gauche n'est pas si dépensière qu'on veut bien le dire

© DR, Selon Vincent Eblé : "La dynamique de rassemblement ne doit être entachée en rien par des volontés de défense d'intérêts particuliers."

Face à ce mouvement de colère, les politiques ne sont-ils pas enclins à une forme de résignation ?

Ce que vous décrivez, c'est une exigence de nos concitoyens qui sont sans doute, du fait de la crise, dans une forme d'impatience et on peut le comprendre. Aucun de nous ne peut se risquer à pointer du doigt leur responsabilité dans l'émergence de cette colère, même si elle peut les conduire vers des votes extrêmes.

Quelles sont les solutions ?

Elles sont complexes, mais il y a des évidences comme l’absolue nécessité de mutation de nos modèles de production en raison des exigences environnementales et climatiques. Chacun d'entre nous a intégré ces exigences, mais nous ne sommes pas certains que les candidats des listes qui soutiennent l'action gouvernementale ou ceux des listes traditionnelles de la droite possèdent la même conviction. Oui, notre société est complexe et le consensus n’existe pas toujours, même entre nous à gauche, je n'hésite pas à le dire. Mais on n'a pas vocation non plus à gouverner ensemble le pays demain matin comme dans une collectivité territoriale. Si nous sommes élus, on siègera dans des groupes divers, mais il y a néanmoins une grande convergence d'analyses et un partage de valeurs.

Avez-vous un dernier message à faire passer ?

Je souhaite rappeler que ce scrutin est à la proportionnelle et à un seul tour. Il n'y aura donc pas de tour de rattrapage qui permettrait de corriger le tir. La dynamique de rassemblement ne doit être entachée en rien par des volontés de défense d'intérêts particuliers. Le rassemblement est clairement de notre côté et on a su le mettre en place. Il faut que les électeurs le mesurent bien et qu'ils en tirent les conséquences en choisissant notre bulletin le 24 septembre.

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